Les nouveaux acteurs des données misent sur la vitesse

Abe Kleinfeld, CEO de GridGain: " Je suis convaincu qu'à terme, tout passera par l'in-memory, les disques de stockage classiques sont trop lents. "

Les données sont le nouvel Eldorado. Pas étonnant dès lors que la Californie évoque à nouveau, comme voici 150 ans, une nouvelle ruée vers l’or. Dans la Silicon Valley, les start-up cherchent la nouvelle appli tueuse en stockage ainsi qu’en gestion et analyse des données. En songeant peu à peu à une entrée en Bourse – ou à un rachat par Google ou Facebook.

GridGain est l’une de ces jeunes pousses spécialisée en données et qui s’achemine résolument vers une introduction en Bourse ou une reprise. L’entreprise est en effet spécialisée en informatique in-memory. Indépendamment de sa technologie, l’ambition de l’entreprise se traduit par l’arrivée d’Abe Kleinfeld comme CEO. En effet, Kleinfeld a aiguillé ces dernières années plusieurs start-up vers la croissance, le rachat ou la Bourse. Et espère réitérer ces exploits avec GridGrain. Pourtant, l’informatique in-memory n’est pas vraiment une technologie nouvelle. Ainsi, SAP investit massivement depuis un certain temps déjà dans S/4 HANA, tandis que des entreprises comme Software AG et Oracle maîtrisent également cette technologie. Abe Kleinfeld se dit toutefois convaincu qu’il reste encore de la place sur le marché, certainement au niveau de l’open source. ” Nous avons la bonne technologie au bon moment “, prétend-il.

GridGain propose des services sur la plate-forme in-memory open source Apache Ignite. ” Le mobile a changé la donne, explique Abe Kleinfeld. Avec les applis mobiles, la demande de vitesse et d’évolutivité a fortement décollé. ” L’in-memory ne fonctionne pas avec une couche de stockage spécifique, mais traite l’ensemble des données au niveau de la mémoire RAM. Ce qui permet un gain de temps énorme, notamment dans l’analyse et le traitement de big data en temps réel.

Le service sur du logiciel gratuit

Dans le monde de l’infrastructure, il est difficile de créer soi-même un marché totalement nouveau, constate encore GridGrain. Dès lors, l’entreprise a abandonné sa solution fermée pour se tourner vers l’open source. Le choix s’est porté sur Apache Ignite, lequel représente désormais 1 million de téléchargements par an. De quoi ouvrir à GridGain un potentiel important. ” C’est la beauté de la philosophie open source, considère Abe Kleinfeld. Les clients choisissent un logiciel gratuit, mais ne peuvent souvent pas se lancer sans une aide extérieure. C’est à ce niveau que nous intervenons avec GridGain. ” Et l’entreprise de considérer sa solution comme une sorte de version open source de SAP S/4 HANA.

” Je suis convaincu qu’à terme, tout passera par l’in-memory, ajoute Abe Kleinfeld. La transformation numérique se traduit partout par l’apparition de jumeaux numériques. Dans ce contexte, les disques de stockage classiques sont trop lents. ” Kleinfeld cite l’exemple de Workday, l’éditeur de la solution SaaS de gestion du personnel. ” Workday traite 189 millions de transactions par jour, envoyées par 26 millions d’utilisateurs. Les systèmes classiques sont inopérants. Il faut traiter toutes ces transactions en in-memory, au niveau RAM donc. ” De même, la Sberbank russe représente une référence importante de GridGain. ” En fait, il s’agit d’une société ICT, mais qui possède une licence bancaire “, confie Kleinfeld. La banque dessert 23 millions de clients en Russie et en Europe de l’Est, soit 1,5 Po de données. ” Rien sur disques, tout en RAM. ” Sberbank ne semble pas être la seule banque à avoir été séduite par l’in-memory. Ainsi, la toute grande majorité du secteur financier a désormais adopté cette technologie. D’ailleurs, ING et la Société Générale notamment sont clientes de GridGain. Avec The Glue, l’entreprise contrôle en outre un acteur fintech belge.

Base de données maison

Alors que GridGain a fini par abandonner sa propre solution au fil du temps, Aerospike poursuit de son côté résolument sur sa lancée. L’entreprise développe depuis 2009 déjà sa propre base de données, en l’occurrence une base de données NoSQL open source in-memory optimisée pour le Flash. ” Construire sa propre base de données représente pourtant un travail énorme, sourit Brian Bulkowski, fondateur. Mais que pouvions-nous faire d’autre ? Le NoSQL avait fait son appartion et personne ne semblait encore disposé à investir dans la poursuite du développement des bases de données opérationnelles classiques. ” Pour les sociétés Internet, une telle base de données constitue la clé de leur activité. Reste que ces entreprises ont déjà fait leur choix. Pourtant, Aerospike entend faire la différence par le choix du Flash. ” Personne n’est disposé à changer sa base de données, reconnaît Bulkowski. Nous en sommes bien conscients. A moins que cette base de données soit 10 fois plus rapide que celle d’Oracle. Or c’est précisément ce que nous avons fait. ”

Aerospike – dont le nom est inspiré d’un type de tuyère de moteur de fusée – surfe allègrement sur la vague actuelle de la numérisation. En effet, les entreprises se tournent toujours plus vers un modèle dans lequel des données sont collectées et analysées, après quoi des décisions et des actions sont prises en temps réel. En l’occurrence, l’aspect temps réel se révèle important. ” La fraude intervient au moment où se passe la transaction de paiement, explique Brian Bulkowski pour illustrer son propos. C’est au moment de la transaction que la banque doit vérifier si tout se passe bien, sans ralentir le processus de traitement et sans impacter l’expérience client. ” Tout est donc une question de vitesse. Or le temps, c’est de l’argent. En l’occurrence, les millisecondes peuvent valoir de l’or. Ainsi, une latence de 100 ms représenterait pour une société comme Amazon 1 % de ses ventes. Des chiffres qui valent également pour Google : une demi-seconde de retard pour le moteur de recherche fait baisser le trafic sur le site de 20 % d’un coup. C’est ce besoin de vitesse sur lequel mise Aerospike : 10 fois plus vite avec 10 fois moins de serveurs.

Trente fois plus vite

” Nous sommes en concurrence frontale avec l’infrastructure de base de données qui régit le marché depuis 40 ans déjà, poursuit Bulkowski, en nous attaquant au goulot d’étranglement classique de la technologie. ” Grâce au Flash, Aerospike se révèle directement bien plus rapide. En parallèle, l’entreprise optimise également le réseau et le CPU. Bulkowski cite l’exemple d’un client qui propose un service de paiement. Sur un volume de données de 150 To, Aerospike est parvenue sur Oracle RAC à contrôler de 98,5 à 99,8 % des transactions au niveau de la fraude. ” Nous traitons 1,2 million de transactions par seconde avec un taux de 99,95 % ou davantage, prétend Bulkowski. C’est 30 fois plus qu’Oracle. ” Autre exemple, celui de la vente en ligne d’actions. ” Il s’agit d’institutions qui utilisent le mainframe depuis 25 ans déjà sans la moindre journée de downtime. Reste que cet environnement n’est pas prévu pour la percée soudaine du mobile. Or nous y parvenons en dotant le mainframe d’une cache Aerospike. ”

Certes, on peut se demander si l’importance de la vitesse est à ce point cruciale. Quel est l’intérêt pour le consommateur d’un paiement qui se fait en 0,02 seconde plutôt que 2 secondes ? ” C’est hors de propos, rétorque Brian Bulkowski. Dans le cas de la détection des fraudes, la vitesse est vraiment essentielle pour être en avance sur les fraudeurs. ” En outre, l’opérateur de paiement souhaite éviter les fausses alertes qui pénalisent fortement l’expérience client. Bref, la détection de fraude implique très vite des calculs énormes. Plus ceux-ci sont traités rapidement, mieux c’est. ” Notre message ne porte pas sur les économies de coûts. Il s’agit surtout d’offrir au client final un service plus rapide et de meilleure qualité. ” Dans de très nombreux cas, l’évolutivité est en l’occurrence vitale. Ainsi, le monde des télécoms est habitué depuis longtemps à proposer des services en temps réel. Mais la grandeur d’échelle est nouvelle, compte tenu de la croissance explosive des appareils connectés. ” Disponibilité élevée, fiabilité et temps de réponse réduits prennent soudainement une autre dimension, conclut Brian Bulkowski. Tels sont précisément les points forts d’Aerospike. “

GridGain

Installée à Forest City, GridGain a été fondée en 2010 par le Russe Nikita Ivanov. Entre-temps, l’entreprise a vécu 2 tours de financement pour un total de 31 millions $. L’entreprise emploie désormais 125 collaborateurs pour un chiffre d’affaires de 15 millions $.

Aerospike

Aerospike est implantée à Mountain View, emploie 80 collaborateurs et a bénéficié ces dernières années de financements à hauteur de 45 millions $. A l’échelle mondiale, quelque 150 sociétés utilisent sa base de données, dont AppNexus et Adobe.

Les nouveaux acteurs des données misent sur la vitesse
© Getty Images/iStockphoto

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