Vous n’avez pas besoin d’un CDO

KRISTOF VAN DER STADT, Rédacteur en chef de Data News

Ces dernières années, le ‘chief digital officer’ (CDO) est devenu l’étoile montante au firmament du comité de direction. Entendez : pas de transformation numérique sans un CDO. Mais est-ce exact ? La récente CIO Survey de Harvey Nash et KPMG montre que dans notre pays, 11 % des entreprises ont désigné un CDO ‘dédié’. Si l’on se limite au secteur technologique, ce taux n’est que de 9 % selon l’étude, alors que dans l’ensemble, 39 % des répondants indiquent que ‘le CIO ou quelqu’un d’autre’ remplit cette fonction de CDO.

Dans le cadre de l’élection du CIO of the Year, nous avons expressément retenu 3 CIO qui, outre leurs responsabilités évidentes en IT, ont également le ‘numérique’ dans leurs compétences et participent à la transformation numérique dans leur organisation. Je suis également convaincu que dans la majorité de nos entreprises, un CDO spécifique n’est pas nécessaire. La condition est toutefois que le comité de direction dans son ensemble, en ce compris certainement le CEO, porte le projet de numérisation et donne au CIO – quel que soit son titre, d’ailleurs – un mandat précis et toute la latitude nécessaire. Car il ne s’agit pas d’une question de titre, mais d’unanimité parmi les dirigeants de l’entreprise dans le but de faire la différence. Toutes les forces dans la même direction numérique, donc.

Cher CIO, le moment est venu de vous imposer.

Certes, le CIO doit pouvoir assumer cette responsabilité supplémentaire et se positionner comme un leader obsédé par ses clients finaux, sans pour autant perdre de vue l’aspect commercial et en posant les bons choix technologiques. Bref, le défi est de taille. Mais n’écrivons-nous pas depuis des années dans Data News que le directeur IT doit être davantage impliqué ? Dès lors, cher CIO, le moment est venu de vous imposer. Si vous ne saisissez pas votre chance, vous laissez la porte entrouverte pour un CDO spécifique. A moins qu’un CMTO (‘chief marketing technology officer’) ne vienne convaincre le CEO qu’il serait le mieux placé pour mettre en place des processus et activités numériques sur mesure pour le client ? Ou peut-être verra-t-on même émerger un CAO (‘chief analytics officer’) qui présentera au CEO une stratégie numérique s’appuyant sur l’intelligence des données. Bref, des cadres de niveau C à foison pour relever le défi. Aujourd’hui encore, un CIO est souvent perçu comme un manager de la continuité, alors que le CDO serait plutôt un manager du changement. Si le CIO parvient à renverser cette image et à démontrer qu’il est capable de faire évoluer les processus existants, à mettre en place de nouveaux modèles numériques, à décentraliser en partie l’IT (car les budgets IT ne sont plus depuis longtemps exclusivement destinés à l’IT) et à développer des solutions sur mesure pour les clients, il a encore de beaux jours devant lui.

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